21 mai 2006

Carnets itinérants

Invisible Australians#1 - 2007 - 80cm x 80cm
techniques mixtes - impression digigraphie sur papier d'art.

Pascal Ken / Carnets Itinérants
Extraits de carnets de voyage, photographie, peinture et installations d’objets divers.

L’exposition
Les Carnets Itinérants sont une compilation d’une dizaine d’œuvres présentées sous la forme d’un carnet de voyage, ou où se croisent écrits et arts graphiques.
Se situant à la frontière de la photographie et de la peinture, ces travaux ont été réalisés à l’aide des outils traditionnels, mais aussi des outils numériques. Les œuvres sont ensuite imprimées sur bâches et papier d’art.

Cette démarche résulte d’un long processus liée à l’observation, à la rencontre de personnages, à la récolte d’éléments divers « in situ », à la suite de plusieurs périples en Australie, au Japon, au Maroc et au Sénégal, effectués entre 2006 et 2008.

Susciter le regard, l’interrogation, la réflexion, ce travail s’inscrit aussi comme manifeste pour la rencontre des cultures, pour la connaissance, mais aussi comme un hommage à tous les peuples et minorités oubliés, notamment les aborigènes d'Australie.


Carnets Itinérants - Extraits
"Invisible Autralians" - Uluru - (Ayers Rock) Australie 2007

Après avoir avalé les 443 km qui nous séparaient d'Alice Springs, commençait à se dessiner à l'horizon l'imposante silhouette d'Uluru.

L'énorme monolite vieux de 400 million d'années, a des airs de caméléon lorsqu'il change de couleur au fil des heures du jour, offrant un spectacle particulièrement saisissant dans la lumière de l'aurore ou celle du crépuscule.

On imagine aisément un esprit issu du temps du rêve, le Dreamtime, ou la création du monde, qui se serait transformé au fil du temps, surgissant des tréfonds la terre, imposant au paysage désertique sa silhouette animale et ses courbes douces et arrondies, travail de l'érosion du temps...

il contient des sources, des mares, des cavernes et des peintures rupestres.

Pas surprenant que nous soyons en présence d'un des hauts lieux sacrés des croyances aborigènes. Il est autorisé d'en faire le tour, mais les aborigènes interdisent son ascension, qui en plus de se révéler être une entreprise périlleuse est avant tout considéré comme une violation de site hautement sacré.


Le Rocher sacré porte ainsi deux noms : Uluru le nom aborigène et Ayers Rock, en hommage à Henry Ayersey, ancien premier ministre de l'Australie méridionale du 19ème siècle. Il faut souligner, qu'il a toujours subsisté une sorte d'incompréhension de la part des blancs qui découvrirent et explorèrent jadis ces territoires immenses et hostiles.

Rare sont ceux qui ont pu saisir la portée et la richesse de la culture des Aborigènes d'Australie.


Un jour en parcourant la bibliothèque de Xavier de Gekko Safari, je tombe sur un livre au titre étonnant "Invisible Autralian", on pouvait donc sillonner le pays de long en large sans rencontrer un aborigène ?

Quel étrange sort pour ce peuple autochtone, que de se retrouver quasi invisible, avec pourtant une présence relevée il y a près de 50000 ans, trace d'une des plus anciennes culture retrouvée sur terre.

Fascinante par certains côtés, déroutante par d'autres aspects, mais aussi différente soit-elle, cette culture inspire un immense respect, culture où l'homme, le monde végétal et animal se rejoignent et croisent en permanence.


Le 13 février 2008, à la surprise générale, le tout nouveau premier ministre australien M.Kevin Rudd a présenté aux communautés aborigènes d'Australie, les excuses de la nation, APOLOGY TO AUSTRALIA'S INDIGENOUS PEOPLES, reconnaissant par là même, les injustices et les souffrances commises durant de longues décennies, attestant ainsi qu'une page, désormais se tournait avec l'engagement du droit égal pour chaque citoyen quel que soit son origine ethnique...